Le métro

Montréal...

Autrefois, cette ville, avec ses beaux édifices, représentait la belle fièreté des métropoles canadiennes...

Des attroupements de population gigantesques la peuplait tous les jours...

Mais qu'en est-il aujourd'hui?

Un néant...

Et son métro habituellement achalandé était maintenant avide de passagers...


Jeff avait bien connu cette ville, pour y avoir passé une bonne partie de son enfance. Il connaissait ses quartiers comme sa poche... Mait tout a changé. Les voitures abandonnées, les appartements désertés, les commerces délaissés... Montréal ne signifie plus rien. C'est une nouvelle version de "Ghost Town" et ça s'arrête là... Même son résau de lignes de métro est plus rassurant que les rues à la surface. Au début de l'infection, il y a eu beaucoup de tueries dans les stations ferroviaires souterraines, mais maintenant que 99 pourcent de la population municipale est zombifiée, les monstres, n'ayant plus de nourriture en dessous, se sont tous concentré vers la surface. Ce qui fait du métro de Montréal un endroit moyennement rassurant, dépendemment des points de vues... Et surtout un lieu idéal pour une planque stratégique. Depuis que les trains ont arrêté leurs activités, les réseaux de tunnels sont désormais accessibles aux piétons.

Jeff marchait depuis un bon quart d'heure dans ce trou perdu, trimballant son éternel bagage et son fusil à pompes fétiche à la main. Il marchait d'un pas rapide, toujours sur ses gardes. La moindre erreur coûtait la vie à cette époque. Il s'arrêta devant une porte en fer rouillée avec le temps, sortit un passe-partout de son sac à dos et l'inséra dans la serrure. Regardant une dernière fois à droite et à gauche avec ses yeux de fauve, il s'engouffra dans la pièce, referma la porte à double tour et alluma le disjoncteur.

Une faible ampoule rouge éclairait la pièce. Ouf, les monstres n'avaient pas encore désactivé les centrales électriques de secours... L'homme s'avança lentement dans la pièce, déposa son sac à dos à côté d'une chaise et se mit à l'aise. Il retira sa veste de cuir et la lança à travers la piece.

La pièce ne mesurait pas plus de deux mètres carrés et ne comportait à l'origine qu'un rudimentaire système de tuyauterie. Jeff l'avait choisie comme planque car elle était reculée. Bien à l'écart de l'enfer à la surface. Il avait préalablement pris le soin de débrancher la caméra de surveillance et d'y placer un mini réfrigirateur contenant diverses denrées non-périssables ainsi que quelques rafraîchissements. Jeff avait également prévu un paquet d'ampoules de secours, qu'il avait déposé sur le frigo.

Il se servit une bière et la cala lentement, savourant enfin un breuvage pûr. Quant il l'eut terminé, il lança la bouteille, qui alla se fracasser dans les tuyaux métalliques. Ces tuyaux travaillaient avec une telle intensité pour approvisionner la gare - située à plusieurs centaines de mètre plus loin - en eau potable, qu'il faisait une température ambiante d'environ quarante degrés celsius en hiver et un taux d'humidité fortement élevé. C'était l'autre point de sélection de cette planque: elle était chauffée à l'année longue.

Jeff sortit de son sac un chiffon sale et une boîte de cartouches. Il se mit à récurer son arme et quand ce fut terminé, il la rechargea. Il étendit une couverture dans un coin de la pièce et s'y étendit après avoir retiré ses bottes. Il reposa sa tête sur son bagage et serra fortement son fusil contre lui. Si un quelconque intrus devait s'introduire, il serait prêt à le dégommer.

Prêt à défendre sa vie... Chèrement.

Et sur cette note maccabre, le rôdeur solitaire, épuisé par la route, alla faire un tour au pays des rêves, ne dormant pratiquement que d'un oeil...